La Trend Sad Girl : pourquoi tout le monde veut être malheureuse (mais jolie) ?

Depuis quelques semaines, impossible de faire trois scrolls sans tomber sur un post Sad Girl.

des filles en larmes, mais parfaitement maquillée, ou encore des selfies dans le noir, avec un hoodie et des bijoux en or. Ou le grâle : des stories en train de pleurer dans sa voiture.

C’est la nouvelle tendance du moment : la Sad Girl est à la mode.

Et attention, on est très loin de l’émotion brute ou de la santé mentale prise au sérieux. Ici, on parle d’un esthétisme du mal-être. Bienvenue dans le branding de la tristesse, qui transforme les larmes en likes.

La Sad Girl : une esthétique qui joue avec les codes du luxe et du désarroi

La Sad Girl 2025 n’est pas une ado triste enfermée dans sa chambre. C’est une femme dans sa trentaine, très bien habillée, perchée sur des talons, souvent filmée dans une voiture, un bureau ou un appartement ultra stylé. Elle pleure, mais en Chanel.

Ce paradoxe est au cœur de la trend : exprimer une douleur très personnelle, tout en gardant un esthétisme à la limite de la publicité. Certaines créatrices postent leurs crises d’angoisse avec un fond musical très doux, une lumière tamisée et des plans soignés. Tout est calibré, même le chaos. Et ça, c’est beau.

TikTok a rendu la vulnérabilité monétisable

Sur TikTok, le hashtag #SadGirl explose. Plus de 2 milliards de vues. Des milliers de vidéos à la première personne, dans lesquelles des jeunes femmes racontent leurs ruptures, leurs coups de blues ou encor leur impression d'être "trop". Trop sensibles, trop bruyantes, trop débordées. Bref, trop quoi.

On est dans une narration très personnelle, mais surtout très virale. Parce que ce contenu, évidemment, crée de l’engagement. Les commentaires pleuvent : “moi aussi”, “je me reconnais trop”, “on est toutes pareilles”. La Sad Girl n’est pas seule. Elle est l’avatar collectif d’une génération en perte de repères. Au point où être triste devient une norme cool.

La trend Sad Girl : une tendance qui interroge la mise en scène de l’intime

Ce qui rend la Sad Girl si fascinante, c’est sa maîtrise parfaite de l’image. Elle pleure, mais elle sait exactement comment le montrer.

On touche ici à une ligne floue entre authenticité et performance. Car même dans sa fragilité, la Sad Girl reste stratégique. Elle expose ses failles, mais elle le fait avec un storytelling maîtrisé. Elle est sincère, mais consciente de l’effet que sa sincérité produit.

Je ne sais pas vous, mais moi, ça me fait dédramatiser toutes les fois où je me suis regarder pleurer dans le miroir pour savoir si je restais jolie.

La Sad Girl Un nouveau rôle social pour les femmes ?

Ce qui se joue aussi, c’est la place des femmes dans les réseaux sociaux. La Sad Girl, c’est l’anti Girl Boss. Elle ne prétend pas tout gérer. En fait, elle se comporte comme une humaine : elle flanche parfois, et elle le montre.

Mais attention à ne pas confondre émotion et marketing. Ce qui pose question, ce n’est pas le fait de parler de ses émotions, c’est la façon dont ces émotions deviennent des contenus optimisés pour plaire.