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La Chronique d’Alice Cathelineau : comment être visible sur les réseaux sociaux malgré sa timidité ?

Les réseaux sociaux sont devenus nos vitrines personnelles. Mais derrière l'image ultra décontracte de ceux qui cartonnent, se cache souvent un invité surprise : le syndrome de l'imposteur.

Instagram, LinkedIn, TikTok, les réseaux sociaux sont devenus nos open spaces 2.0, nos scènes numériques, nos vitrines personnelles (et pro, accessoirement). Mais derrière les carrousels ultra-brainés, les reels au poil et les stories façon confessions du lundi matin, un invité surprise squatte nos esprits : le syndrome de l’imposteur. Celui qui te murmure à l’oreille que tu n’es pas assez “experte”, pas assez “impactante”, pas assez “légitime”.

Spoiler : ce syndrome ne paie pas le loyer de ton feed, et pourtant il prend toute la place. Et si le plus grand obstacle à notre expression en ligne, ce n’était pas l’algorithme mais cette petite voix intérieure qui te sabote avant même que tu aies cliqué sur “publier” ?

“Je me sentais comme une vraie imposture…”

C’est ce que confie Laura M., photographe de mariages, 33 ans, qui a tenté trois posts sur LinkedIn avant de disparaître en fumée numérique. “Je me suis sentie illégitime, comme si je me déguisais en moi-même.”

Et elle n’est pas seule. En 2025, publier sur les réseaux sociaux, c’est devenu le nouveau grand oral. Sauf que cette fois, personne ne t’a donné de fiche, ni de prof pour t’encourager. Chaque post est un strip-tease mental : tu dévoiles ton savoir, tes émotions, ta vision, en espérant ne pas te prendre une rafale de “seen” sans likes ou pire, le silence intersidéral du néant algorithmique.

Welcome dans l’ère du personal selling

Finie l’époque où l’on postait des photos de ses brunchs ou de son chat. Aujourd’hui, on “documente son parcours”, on “partage de la valeur”, on “prend la parole pour inspirer”.En vrai ? On s’épuise à vouloir cocher toutes les cases du bon petit contenu utile.

Résultat : on regarde les autres dérouler leur storytelling calibré, leur DA léchée, leur légende “vulnérable mais puissante” et on doute.

Est-ce que je suis assez intéressante ? Est-ce que j’ai quelque chose d’utile à dire ? Est-ce que je mérite d’être vue, lue, entendue ?La réponse est oui. Mille fois oui. Mais entre le savoir et le croire, il y a parfois un désert (numérique) à traverser.

Le syndrome de l’imposteur : ce squatteur de feed Insta

Il débarque sans prévenir, en talons aiguilles ou en sweat à capuche selon les jours, et s’installe dans ta tête avec un petit cocktail : doute, autocensure, syndrome de la bonne élève qui veut que tout soit parfait avant d’oser montrer quoi que ce soit.

Sur les réseaux, le syndrome de l’imposteur devient une comédie absurde : pendant que les plus sûrs d’eux (pas toujours les plus pertinents, soit dit en passant) prennent la parole, les plus lucides restent dans l’ombre.

Et là, on perd doublement : on n’apprend pas, et on ne construit rien.

Apprendre à poster sur les réseaux sociaux avec ses doutes (et son rouge à lèvres)

Publier malgré la peur, ce n’est pas ignorer le syndrome de l’imposteur. C’est l’inviter à danser. Voici mes mantras testés et approuvés pour faire taire (ou au moins baisser le son) de cette voix toxique :

1.⁠ ⁠Ta légitimité ne se mesure pas en followersPas besoin d’un TEDx, de 12 ans d’expérience ou d’un feed pastel pour dire quelque chose d’intéressant. Ton vécu, ton regard, ta voix, tes galères  c’est déjà une matière précieuse. Une émotion sincère vaut souvent plus que 10 carrousels full Canva.

2.⁠ ⁠Le post “brouillon” est parfois le plus puissantTu peux publier un post qui tremble, une idée pas totalement finie, un “je ne sais pas trop mais j’essaie”. Ce sont souvent ces partages bruts, sur le vif, qui créent le plus de lien. Parce que c’est humain. Parce que c’est vrai.

3.⁠ ⁠La régularité oui, la régularité toxique non merciUn post par semaine ? Top. Mais si tu postes pour cocher une case ou pour “faire plaisir à l’algorithme”, tu vas t’épuiser. Poste quand tu as quelque chose à dire. Même petit. Même imparfait. Les feeds parfaits, on les scrolle. Les feeds sincères, on s’y arrête.

4.⁠ ⁠Tu as le droit de brillerÊtre visible n’est pas un caprice. Ce n’est pas une crise d’ego. C’est un droit. Un choix politique, même, pour beaucoup de femmes. Prendre la parole, ce n’est pas voler celle des autres. C’est t’autoriser à prendre la place que tu mérites déjà.

Les réseaux sociaux : le miroir de vos fêlures

Les réseaux sociaux sont de formidables révélateurs de nos fêlures. Ce sont aussi des amplificateurs de comparaison (celle qu’on déteste mais qu’on fait quand même). Surtout entre femmes. Surtout quand on a été élevées à “ne pas faire trop de vagues”.

Selon Bpifrance, moins d’une femme sur deux déclare se sentir compétente pour entreprendre ou négocier. Et pourtant ? Elles montent des boîtes, coachent, réparent, innovent. Mais sans jamais lever la main.

Il est temps de changer le game. De remplacer le “je ne suis pas prête” par “j’y vais, et je verrai”. Parce que le courage ne vient pas avant l’action. Il vient pendant.Ni experte sacrée, ni débutante invisible

À 34 ans, j’ai assez vécu pour avoir des choses à dire, et assez douté pour ne pas vouloir les crier. Et si, justement, c’était ça la posture idéale ? Parler avec nuances. Oser avec conscience. Tester sans tout savoir.

Et si on arrêtait de se faire petites ?

Non, tu n’as pas besoin d’être parfaite pour poster. Tu peux juste être présente. Entre le syndrome de l’imposteur et l’influenceuse bodybuildée à l’IA, il y a un territoire. Le tien.Ce lieu où tu racontes, partages, construis. Pas pour performer. Juste pour prendre ta place. Celle que tu as déjà. Même si tu ne t’en rends pas encore compte.

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