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Arthur De Jerphanion et Nicolas Delcourt ont cofondé Tandem en 2020. La startup propose une offre de location de vélos clé en main à destination des entreprises.

Objectif de Tandem : démocratiser le vélo de fonction. Genèse du projet, défi à relever, projet d'évolution… On fait le point avec Arthur qui ambitionne de faire du vélo un moyen de transport de masse pour tous les Français.

Comment est née l’idée de Tandem ?

Dans mes jobs précédents, j'avais des voitures de fonction, qui restaient au garage près de 90 % du temps. Elles n’étaient ni adaptées à mon mode de vie, ni alignées avec mes convictions écologiques. Avec mon associé Nicolas Delcourt, nous avons fait le constat, qu’à l'opposé des voitures de fonction, les entreprises proposaient le remboursement des abonnements de transport en commun. Mais entre les deux, rien n’était proposé pour inciter à la mobilité douce et active. Nous avons alors regardé ce qui se faisait dans d'autres pays européens comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou la Belgique, où la pratique est hyper développée. On s'est dit qu'il y avait clairement quelque chose à créer en France pour démocratiser le vélo.

Tu parles d'aspiration écologique. Est-ce qu'il y a eu un déclic qui t'a amené à opérer une transition un peu plus green ?

C'est venu petit à petit dans ma vie de tous les jours et mes convictions personnelles. Mais quand j'ai voulu entreprendre, je savais que je voulais le faire avec une orientation impact forte. Quand on a commencé à se pencher sur le secteur des transports, un chiffre m’a marqué : 32 % de nos émissions de CO2 viennent des transports, ce qui en fait le premier secteur émetteur d'émissions de CO2. La moitié de ces émissions provient de nos voitures personnelles. Donc, contrairement à ce qu'on pourrait croire, nous avons donc la possibilité d'avoir un impact, au niveau individuel, en réduisant ou en annulant l'usage de la voiture.

Tu as toujours voulu entreprendre ?

Non, c'est venu petit à petit. Mes précédents jobs étaient dans l'intrapreneuriat. J'ai travaillé dans l'agroalimentaire pour un groupe américain et ensuite dans une startup qui s'appelait “prête à pousser” où je me suis occupée de la partie commerciale. J’ai toujours été intéressé par le fait de tester de nouvelles choses plutôt que d'arriver sur des choses établies et les faire grandir. J'ai eu 7 ans de salariat avant de me lancer dans l'entreprenariat.

Pourquoi le vélo ? Parce que tu as détecté un besoin ou parce que tu es un passionné de vélo ?

J’ai longtemps pris les transports en commun. Mais à partir du moment où je suis passé au vélo, je me suis demandé pourquoi je n'avais pas fait ça toute ma vie. Ça a été un peu un déclic. En France, la pratique du vélo est assez peu démocratisée. ll y a deux pratiques assez fortes : soit on prend le vélo en vacances, en tong pour aller à la plage l'été, soit on porte un lycra et on monte le Mont Ventoux sur un vélo de course. Entre les deux, il n'y avait pas grand chose. À titre personnel, je me suis rendu compte qu'au quotidien, le vélo me facilitait la vie : j'étais plus efficace, plus rapide, plus dynamique… parce que je faisais une activité physique.

Les Français font-ils plus de vélo qu'avant ?

Oui, il y a une forte accélération sur le marché du vélo depuis le Covid. Il y a plein d'initiatives et d’infrastructures qui se sont développées dans les métropoles. Pourtant, la France reste très en retard par rapport à d'autres pays européens. Le nombre de déplacements quotidiens à vélo est au global de 4 %, alors qu'en Belgique, aux Pays-Bas ou en Allemagne, c'est entre 12 et 15 %. Il y a donc certes une très forte accélération, mais il y a encore beaucoup de travail à faire.

Comment intervient Tandem ?

Après avoir observé nos voisins européens, nous avons constaté que la démocratisation du vélo s’est en grande partie faite via l'entreprise. C’est pour cela que nous avons développé une solution de location de vélo clé en main pour les sociétés. Chacun est libre de choisir le vélo de son choix (urbain, familial, citadin…) et chaque vélo est assuré, entretenu, livré avec ses accessoires au pied des bureaux. Nous organisons également une petite formation à la prise en main de vélo et à la sécurité routière. On essaie de prendre par la main l'entreprise et le salarié pour les pousser à se mettre en selle. Nous pensons vraiment que c'est via ce levier de services qu'on peut vraiment inciter les gens à passer de la voiture au vélo. La culture du vélo n'étant pas hyper développée en France, il faut accompagner les entreprises et les salariés et lever tous les freins.

Sur vos réseaux sociaux et dans votre communication, vous vulgarisez et éduquez à la pratique du vélo ?

Oui complètement, parce que nous sommes convaincus qu'il faut rendre la pratique du vélo attractive. De la même manière qu'on a des publicités pour les voitures qui  parlent de liberté, mettent en avant les bienfaits d'être propriétaire d'une voiture... Il faut rendre l’objet vélo attractif. Aujourd'hui, nous, acteurs du vélo, nous avons aussi une carte à jouer pour vulgariser la pratique et lever les freins mentaux : Comment faire du vélo sous la pluie ? Comment faire du vélo quand il fait froid ? Comment faire les petites réparations ?... Autant de barrières mentales qu'on peut avoir quand on ne connaît pas le vélo et qui sont finalement des choses assez simples à résoudre.

Comment l'histoire de Tandem a commencé ?

Au départ, nous étions 2 avec mon associé Nicolas. Nous avons assez vite fait le choix de monter l'offre et de la tester auprès de petites et moyennes entreprises. Soyons clair, personne ne veut être le premier client, c'est un peu le souci quand on entreprend. Nous adresser à des petites structures nous a permis de tester l'offre, de voir s’il y avait un intérêt, de modifier et d’améliorer certaines choses et d’affiner la partie servicielle. Ça a été important de tester sur les petites entreprises avant de travailler avec des plus grands groupes. Nous n’aurions pas pu convaincre les grands groupes si nous n’avions pas déjà des vélos en circulation.

Qui sont ces grands groupes ?

M6, Doctolib, Crédit Agricole, Kronenbourg, Michelin... On a peu tout profil de client de la TPE/ PME au grand groupe. On ne cible pas uniquement les grandes entreprises et notre objectif n’est pas de faire uniquement de très grandes flottes. On pense que si on doit démocratiser le vélo, il faut s'adresser à tout type d'entreprise.

Concrètement, je suis une entreprise et je viens voir Tandem : comment est-ce que ça se passe ?

Tout part d’une initiative RH ou RSE. C’est donc l'entreprise qui décide de proposer ce service à ses collaborateurs. Via un kit nous présentons le dispositif aux salariés. Pour ceux qui sont prêts à sauter le pas, une fois les vélos livrés au pied des bureaux, nous nous chargeons ensuite du suivi et la gestion en direct avec les salariés.

Le service client est donc fondamental dans votre activité ?

Le service client et l’ accompagnement sont les clés. Nous avons une équipe en interne et des partenaires locaux pour plus de réactivité, notamment sur la partie réparation et entretien des vélos. Quand vous changez les habitudes de quelqu'un qui fait l'effort d'abandonner sa voiture sur une partie de ses trajets pour le vélo, si la qualité de service n'est pas au rendez-vous, c’est quelqu'un qu'on va perdre.

Tandem a 4 ans, quelles ont été les grandes étapes ?

Le passage de TPE / PME à des grands groupes nous a permis de changer d'échelle. D'un point de vue organisation et logistique, livrer et déployer des flottes de 100 vélos est complétement différent que le faire pour 5 vélos. Ça a également été bénéfique en termes de notoriété. Il y a un effet miroir qui se met en place. Quand certains grands groupes se lancent, d'autres suivent. Le déploiement de notre service au niveau national a été une autre étape importante. Il nous a fallu trouver un réseau de partenaires.

Quelles sont les prochaines évolutions de Tandem ?

Actuellement, on lève des fonds via la plateforme Sowefund. Nous avons ouvert notre capital à tout le monde. Le ticket d'entrée est à partir de 1000 euros. C'est quelque chose d'important pour nous. Pour continuer à grandir et financer notre croissance et notre accélération, mais aussi pour aller chercher des ambassadeurs partout en France. Entrer au capital de Tandem va inciter les actionnaires à proposer le service à leur entreprise et plus largement à en parler autour d’eux. Ce qui aura pour effet d’accroître notre notoriété.

Ensuite, nous allons continuer le déploiement. Nous sommes actuellement présents dans les grandes métropoles. On veut maintenant se développer dans les zones rurales et les villes de taille moyenne et petites villes. Beaucoup de nos clients ont des usines en zone rurale, nous voulons pouvoir les équiper et proposer à leurs salariés une alternative à la voiture. D'autant plus que dans ces zones il y a peu de transport en commun.

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