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Réseaux Sociaux

Faire émerger un réseau social européen responsable est-il possible ? Pour Panodyssey la réponse est oui et c’est nécessaire.

Est-il possible de dessiner les lignes d’un nouveau monde des réseaux sociaux ? C’est le projet du réseau social Panodyssey.
Faire émerger un réseau social européen responsable est-il possible ? Pour Panodyssey la réponse est oui et c’est nécessaire.

Faire émerger un réseau social européen responsable est-il possible ? Pour Panodyssey la réponse est oui et c’est nécessaire.

Début février les dirigeants de Meta, TikTok, X (anciennement Twitter), Discord et Snap ont été auditionnés par le Sénat Américain. Mis au banc des accusés, ils ont été sévèrement attaqués. Qu'est-ce qu'on leur reproche ? Les dangers que présentent les réseaux sociaux pour les enfants et les adolescents. « Il n’existe aucun outil pour tenir les entreprises responsables. Au lieu de cela, les survivants et leurs défenseurs en sont réduits à supplier ces entreprises de privilégier la sécurité sur leurs profits », a dénoncé le sénateur démocrate Dick Durbin, qui dirige la commission judiciaire du Sénat à l’origine de l’audition.

Incontestablement le laisser tout faire ne passe plus. Mais est-il possible de dessiner les lignes d’un nouveau monde des réseaux sociaux ? C’est le projet du réseau social Panodyssey. Entretien avec Alexandre Leforestier, son fondateur.

Qu’est-ce que le réseau social Panodyssey et quelle est sa philosophie ?

Conçu en Europe, Panodyssey est disponible à l’international et accessible en 5 langues (Français, anglais, italien, allemand et espagnol). La communauté est principalement francophone. Les données sont stockées sur des serveurs européens. Le réseau comptabilise à ce jour 1500 créateurs certifiés qui ont publié au moins un contenu dans une Creative Room. Sur les 12 derniers mois, Panodyssey a cumulé 500 000 lecteurs. Les lecteurs rémunèrent et soutiennent les auteurs sans passer par la case annonceur. Chaque créateur est libre de fixer ses règles pour monétiser ses contenus et arrondir ses fins de mois. Le système optionnel de monétisation intégré s'adresse surtout aux créateurs et éditeurs professionnels : c'est le modèle économique de la presse. Nous ne commercialisons pas les données personnelles de nos utilisateurs et protégeons la propriété intellectuelle des créateurs.

Concernant la philosophie du projet, Panodyssey est un réseau social dédié à l’écriture créative qui aide les auteurs à partager leurs créations avec le plus grand nombre de façon sécurisée et éthique. Notre objectif est de créer un espace numérique apaisé et sécurisant sur lequel on peut lire et écrire des contenus de qualité qui invitent à la découverte, au savoir et à la réflexion. On s’est demandé s' il était possible de créer un réseau social autour du texte et comment on pouvait créer des processus et des fonctionnalités qui protègent et sécurisent les membres. Ce sont des choses assez simples qu’on apprend à l’école, chacun a des droits et des devoirs. Nous avons donc décidé de certifier l’identité de toute personne qui souhaite publier publiquement sur le réseau.

Comment vérifiez-vous les identités et surtout comment les protéger ?

L’identité est authentifiée par nos services au moment de l’inscription. Les auteurs auto-édités passent par un processus de certification qui dure moins d’une minute. Ils doivent renseigner leur nom, prénom et date de naissance et télécharger un titre d’identité valide. En cas de doute on peut aller jusqu’à l’organisation d’une vidéo. Le document d’identité n’est pas conservé sur nos serveurs. Nous avons mis en place des processus d’organisation de traçabilité et d’horodatage des publications dès la création du compte. En ce qui concerne les marques et les organisations, le processus est différent et prend un peu plus de temps. Au-delà des informations d’identité (KBIs…) nous vérifions les données concernant la propriété de la marque. Sur Panodyssey toutes les marques sont protégées, même celles qui n’ont pas de compte. Il est donc impossible d’ouvrir un compte Nike par exemple, sauf pour la marque. Ces deux processus remplissent leur mission et sont totalement fiables. Ça pose la première pierre de confiance de l’édifice.

Ensuite, chacun est libre de publier sous son nom où en son nom d’auteur / pseudonyme. Il est donc possible de rester anonyme. D’autant plus que parfois cet anonymat est nécessaire comme pour les lanceurs d’alerte ou certains journalistes exposés dans des zones à risque par exemple. Ce processus protège également la propriété intellectuelle qui est l’essence du contenu et de la donnée. Ce sont des fondamentaux basiques, assez simples à faire technologiquement. Nous démontrons que développer un outil technologique en s’assurant de l’identité numérique est possible.

Comment expliquer que cette règle ne soit pas la norme sur les réseaux sociaux ? Est-ce une question d’architecture qui n’a pas été prévue (Facebook a 20 ans) ou une question de business model, qui s’il était davantage régulé, serait moins rentable ?

C’est une question de volonté. Surtout quand vous vous appelez Meta et que vous êtes l’une des entreprises les plus rentables au monde. Chaque société technologique a des étapes de développement et de croissance. Tout cela nécessite une approche économique et éthique différente. Évidemment, vous vous coupez de millions de faux comptes. Lorsque les modèles économiques fonctionnent avec de la publicité bien évidemment ça impacte le nombre d’impressions vendues. Résultat : moins de KPI à mettre dans les tableaux Excel et donc moins de croissance. C’est une question de choix responsable et sur lesquelles il faut faire preuve de transparence et de pédagogie sur toute la chaîne de valeur, pour inviter à la prise de conscience.

Selon vous quelles sont les mesures qui devraient être prises pour garantir la sécurité des utilisateurs ?

Le sujet est de savoir si on continue à faire n’importe quoi. La réponse est claire : il faut mettre de l’ordre. C’était d’ailleurs le message de Thierry Breton à Elon Musk très récemment mais aussi des sénateurs américains aux dirigeants des réseaux sociaux qui ont été audités. Mettre de l’ordre c’est réguler mais aussi punir (sévèrement). Il est nécessaire de faire émerger des alternatives pour montrer que les choses peuvent fonctionner différemment. Il faut créer des outils numériques de divertissement, d’éducation et d’information éthique et safe, c’est un enjeu sociétal majeur.

Comment on fait ?

Il y a d’abord des règles de bon sens. Un cadre réglementaire se construit depuis plusieurs années sous l’initiative européenne avec un certain nombre de directives qui visent à encadrer l’usage des technologies. C’est donc d’abord une volonté. Je suis dans l’internet depuis 25 ans et on entend souvent l’expression que c’est le “far west”. Faisons en sorte que ça ne le soit plus. Dès lors, il faut évidemment prendre des décisions qui vont à contre-sens des modèles économiques établis et du laisser tout faire. On pourrait faire une analogie avec les premiers pas de la musique en ligne et le piratage qui consistait à absorber des contenus musicaux en toute illégalité. A force de réglementation, de sensibilisation mais aussi de sanctions qui doivent faire partie du dispositif, on a réussi à dessiner les lignes d’un nouveau marché. Et ça fonctionne. Le marché du streaming est aujourd’hui en pleine croissance. Pour les réseaux sociaux il s’agit de s’inspirer de ce qui s’est passé dans le secteur musical.

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Vous parlez d’enjeux sociétaux. Les réseaux sociaux sont-ils un danger pour les démocraties ?

Incontestablement. Les dégâts des réseaux sociaux sont délétères pour les enfants mais pas seulement. Trouble de l’attention et de la concentration, violence, harcèlement, haine en ligne… Ce fonctionnement, qui propose de plus en plus de contenus toxiques, rapides et saccadés déshumanise les humains. Ces pratiques ont des conséquences intimes et sociétales. Il faut avoir conscience de tout cela et ne pas oublier que dans réseau social il y a avant tout une dimension sociale. Réguler et contrôler c’est agir pour l’humanité. Et les enjeux démocratiques incontestablement sont en première ligne. Rappelons nous des dernières élections américaines. Chez Panodyssey non seulement on milite mais on coopère aussi avec l’Europe pour proposer des solutions afin de permettre aux internautes qui le souhaitent de bénéficier d’outils alternatifs et responsables.

L’Europe essaie aujourd’hui de réguler, mais comment expliquer que nous n’ayons pas de réseau social aussi puissant que les Américains ou les Chinois ?

C’est avant tout une question de moyens. Les investisseurs européens n’ont jamais construit une doctrine financière, une philosophie d’investissement, pour entreprendre et financer ce type de projet. C’est regrettable et malheureusement c’est encore loin d’être gagné. Décideurs et opérateurs comprennent mal les enjeux de ce secteur qui nécessite des investissements conséquents. Vous ne pouvez pas demander un ROI à cinq ans, c'est impossible. Donc les fonds d’investissement calés sur une rentabilité rapide n’y vont pas. Ensuite, à titre personnel, je regrette que les leaders des industries créatives et culturelles Françaises soient trop en proximité avec l’environnement des GAFAM. Ces interdépendances ne facilitent pas l’émergence de nouveaux produits ou d’alternatives. Et c’est bien dommage. Si on fait un parallèle avec la musique, les leaders, et en particulier Universal, avaient pris des dispositions pour participer à faire émerger un nouvel espace industriel et numérique de grande ampleur. Il faut toutefois préciser qu’au niveau Européen, depuis la nouvelle mandature (2018), des outils pour aider et accompagner l’émergence de réseaux sociaux européens ont été mis en place. La création du laboratoire européen d'innovation trans-sectoriel Europe Creative Innovation Lab est un exemple concret de l'action de la Commission européenne. L'Europe encourage les acteurs des médias et de la culture à créer de nouveaux espaces de données de confiance, l'ambitieux consortium Trusted European Media data Space (TEMS) qui réunit plus de 40 partenaires européens dont France Télévision, AFP, INA, Procirep ou Panodyssey est un autre exemple de l'action européenne.

A propos de ces outils, vous faites partie de la Creative Room European Alliance (CREA). Qu’est-ce que c’est ?

C’est un consortium que nous avons lancé avec le soutien de la Commission européenne. La CREA a pour objectif de créer un nouvel écosystème culturel numérique européen qui encourage la création de contenu tout en luttant contre la désinformation. Panodyssey a été choisi pour être la plateforme qui abrite ce nouvel écosystème en construction. Aujourd’hui composé de 9 acteurs des médias dont l'agence de presse espagnole Agencia EFE, de la culture, de l’éducation et du numérique basés dans plusieurs pays d’Europe, la CREA ambitionne de réunir une communauté de 10 millions de créateurs et 100 millions d’internautes à horizon 2030.

En ce début d'année 2024, Panodyssey lance un troisième consortium européen (CREA Trust AI) autour de l'IA et des interopérabilités avec les éditeurs de la presse et de la culture en partenariat avec l'agence de presse Agencia EFE et Arte TV. Un évènement CREA Trust AI est prévu en avril 2024 à Paris.

Au-delà de l’éthique et de la sécurité, qu’est-ce qui vous différencient des autres réseaux sociaux ?

Notre vision est d’abord d’être un réseau social ouvert. En tant que lecteur vous n’êtes donc pas obligé de créer un compte pour accéder à 100 % des contenus. Tous les contenus sont référencés dans Google, ce qui est un avantage en termes de performance SEO et in fine de visibilité. Les lectures sont comptabilisées via compteur.

Mais à l’inverse des autres réseaux sociaux, chez nous les contenus vivent. Panodyssey est une maison de créativité basée sur un réseau d’engagement où ce ne sont pas les likes qui font foi. D’un point de vue découvrabilité des contenus, puisque c’est le nerf de la guerre, nous avons structuré notre base de données pour démultiplier les points de catégorisation et faire en sorte que chaque niche puisse trouver son public. Ensuite, chacun est libre de personnaliser ou pas son expérience. C’est l’utilisateur le patron et non l’algorithme. Les formats longs (articles, nouvelles…) sont accessibles dans les Creative Rooms. Le fil d’actualité, qui est in fine un fil de découvrabilité, est quant à lui dédié aux formats courts. Les deux sont complémentaires. Il est possible à tout moment de partager un long format publié il y a deux ans dans le fil d’actualité. Comme nous n’avons pas de modèle économique lié à la publicité, tous les investissements visent à démultiplier les points de découvrabilité et construire des API qui vont se connecter à d’autres services mais aussi à des objets connectés (objets connectés en braille par exemple). Ces dimensions d’accessibilité et de découvrabilité n’existent pas dans les réseaux sociaux tel qu’on les connaît. Ils cumulent toujours plus de contenus qui vivent de moins en moins longtemps, pour un temps d’attention de plus en plus bref. Nous, c’est tout le contraire.

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