‍‍‍‍‍‍
Swello - Afffect Media
All

La Chronique d’Alice : L’authenticité sur les réseaux sociaux : quand être “trop vrai” devient contre-productif

L’authenticité est devenue la it-girl de la communication digitale. Et on en a marre. Je vous explique pourquoi dans ma chronique.

“Sois toi-même.” "Montre les coulisses.” “Les gens veulent du vrai.”

L’authenticité est devenue la it-girl de la communication digitale. Celle qu’on encense dans tous les briefs marketing, qu’on brandit comme l’antidote au bullshit, la clef de la “connexion sincère” avec son audience. Plus de filtres, plus de façade : on veut du brut, du sincère, de l’émotion. Mais à force de vouloir être “vraie”, certaines finissent par être… trop vraies. Et là, l’effet boomerang guette : surcharge émotionnelle, crédibilité mise à mal, inconfort pour l’audience.Parce que non, l’authenticité n’est pas un strip-tease émotionnel.

Quand le naturel devient trop envahissant

Oui, les contenus lisses ne font plus rêver. Mais une vulnérabilité mal dosée, non encadrée, peut vite brouiller le message. Trop de sincérité devient contre-productif. Trop de coulisses peut noyer la ligne éditoriale. Trop de “vrai” tue le lien.Être authentique ne signifie pas tout partager. Ce n’est pas transformer son feed en divan de psy. Et ce n’est pas non plus vivre ses émotions en direct avec son audience. L’authenticité digitale efficace, c’est un mélange de vérité, de recul, et de structure.

Le syndrome du “trop”

On a vu des entrepreneuses pleurer en stories. D’autres raconter un burn-out à chaud. D’autres encore livrer les détails de leur rupture comme si le feed était un journal intime. Le problème ? Ce n’est pas le sujet. C’est le timing.

Un vécu, aussi légitime soit-il, a besoin de maturation pour devenir un récit utile. Sinon, il reste au stade de l’exposition. Et l’exposition, non cadrée, fragilise plus qu’elle ne valorise.Publier à chaud, c’est souvent cathartique pour soi, mais inconfortable pour l’autre. Et dans une stratégie de communication, l’inconfort… ça ne convertit pas.

L’authenticité éditorialisée : le juste milieu

Il ne s’agit pas de se censurer, mais de se poser la bonne question : “Est-ce que ce que je m’apprête à partager va servir quelqu’un d’autre que moi ? ”Partager un échec ? Oui, si tu as pris du recul, si tu peux l’analyser, en tirer des leçons.Montrer ses doutes ? Oui,si cela ouvre un dialogue, crée de la valeur, fait avancer la réflexion.Parler de ses émotions ? Oui, si elles sont contenues, incarnées, et connectées à ton propos de fond.

L’authenticité devient un vrai levier de connexion quand elle est utilisée avec conscience. Pas comme une réaction, mais comme une narration.Dire la vérité ne veut pas dire tout direIl y a une grande différence entre être sincère et être transparente à outrance.Entre partager avec justesse et se livrer sans filtre.Et surtout : entre parler de soi et se confondre avec son contenu. Ce que tu ne dis pas fait aussi partie de ton message. Ce que tu choisis de taire construit aussi ta posture. Ce que tu racontes avec subtilité résonne souvent plus fort qu’un déballage complet.En communication, l’intime n’est pas une obligation. C’est un outil. Et tu n’es pas obligée d’en faire ton principal canal.

Comment calibrer son authenticité sans se trahir ?

Ne publie jamais dans l’émotion brute. Pose-toi toujours la question : “À quoi ça sert ? À qui ça parle ? ”Encadre chaque partage personnel par un angle clair, une intention, une direction. Ne te force jamais à “être vraie” si tu n’es pas prête. Ce n’est pas une obligation de sincérité.Et surtout : préserve-toi. Ce que tu vis n’a pas besoin d’être monétisé.L’authenticité n’est pas un produit. C’est un choix. Ce que ton audience cherche, ce n’est pas ton intimité. C’est ta vérité. Ta vision. Ton regard. Ton expérience, filtrée par ton intelligence émotionnelle et ton recul.Être vraie, ce n’est pas montrer qu’on va mal.

C’est montrer qu’on réfléchit. Qu’on apprend. Qu’on évolue.

En 2025, la sincérité est un art. Et comme tout art, elle demande un cadre. Pas pour trahir ton message. Mais pour le sublimer.

Lire davantage d'articles